.
.
.
.
"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
.
.

lundi 24 mai 2010

Yves Klein (1928-1962)



Inventeur du monochrome et du happening, Yves Klein (1928-1962) est un phénomène dont l'action artistique proprement dite n'a duré que huit ans, soit de 1954 à 1962, mais qui a néanmoins bouleversé le milieu de l'art. L'oeuvre radicale et visionnaire de ce personnage emblématique est aujourd'hui mythique. Si son nom évoque encore invariablement le célèbre bleu IKB (International Klein Blue) et ses tableaux monochromes, sa fulgurante carrière dépasse largement le domaine de la peinture. Car l'artiste a investi tous azimuts de multiples champs d'expression : performances préfigurant l'art conceptuel, projets architecturaux, oeuvres sonores, chorégraphies de ballets, décors de cinéma et importants écrits.

L’œuvre d’Yves Klein révèle une conception nouvelle de la fonction de l’artiste. Celui-ci n’est jamais à proprement parler l’auteur d’une œuvre puisque, selon Klein, la beauté existe déjà, à l’état invisible. Sa tâche consiste à la saisir partout où elle est, dans l’air, dans la matière ou à la surface du corps de ses modèles, pour la faire voir aux autres hommes.

En conséquence, l’œuvre d’art n’est que la trace de la communication de l’artiste avec le monde : "Mes tableaux ne sont que les cendres de mon art" (in L’architecture de l’air, Conférence de la Sorbonne, 1959).

La diversité des techniques qu’Yves Klein met en œuvre tout au long de son parcours obéit en effet à une même intuition.

Des premiers monochromes du début des années cinquante, qui manifestent la sensibilité à l’état pur, aux "peintures de feu" de la dernière année de sa vie où l’un des quatre éléments exprime sa force créatrice sous la direction de l’artiste, c’est la réalité invisible qui devient visible. La réduction des couleurs au bleu fait jouer à la matière picturale le rôle de l’air, du vide, duquel, pour Yves Klein, naissent la force de l’esprit et l’imagination. Enfin, la "technique des pinceaux vivants", ou "anthropométrie", revient à laisser au corps humain le soin de faire le tableau, mettant ainsi l’artiste en retrait.

On comprend que cette pratique artistique ne trouve pleinement son sens qu’en référence à une conception singulière du monde que s’est forgée Klein à partir d’expériences parallèles : le judo (en japonais : pratique de l’art) fondé sur les forces et éléments naturels du cosmos (eau, air, feu, terre), pour la visualisation et l’assimilation des énergies positives ou contradictoires, et la philosophie ésotérique des Rose-Croix qui recherche les forces spirituelles gouvernant l’Univers.

L’activité d’Yves Klein est donc gouvernée par une cosmologie qui fait du monde le principal acteur de l’art. C’est cette idée du monde comme œuvre que Klein apporte au Nouveau Réalisme.

Néanmoins, la finalité de sa démarche reste pleinement artistique : ses théories aussi bien que ses innovations sont à interpréter comme des contributions majeures à l’évolution de l’art contemporain dont l’artiste avait clairement conscience. Seule une vie trop courte l’a empêché d’achever ses projets et de diffuser ses conceptions. En témoignent les artistes de la génération suivante qui, refusant l’objet esthétique, ont su hériter de ses innovations, par-delà son parti pris mystique.
source: Monographies - Grandes figures de l’art moderne - centre Pompidou





IKB 191-Monochrome bleu




Monochrome bleu sans titre,IKB 3, 1960




Au cours de l’année 1962, Klein entreprend une série de moulages de ses amis les Nouveaux Réalistes, grandeur nature, à base de plâtre en prise directe . Seul le portrait d’Arman sera terminé. Les Nouveaux Réalistes sont « des individus perceptifs », d’où le bleu qui enduit le plâtre. Ils seront présentés sur un fond d’or, symbole de l’absolu chez Klein. L’absence des jambes et la couleur bleue produisent également une certaine distanciation par rapport au spectateur. Comme la cassure confère à l’œuvre antique le charme et le respect du passé, l’immobilité hiératique de cette figure la met hors du temps.



















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire