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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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lundi 13 septembre 2010

Aboû Nouwâs ( أبو نواس الحسن بن هانئ الحكمي ) né entre 747 et 762 à Ahvaz (Iran) et décédé vers 815 à Bagdad (Irak actuel)





Shah Abbas I, 1627, Musée du Louvre, Paris




Aboû Nuwâs, poète arabe, est né d'un père arabe, Hani qui était soldat dans l'armée de Marwan II, et d'une mère persane nommée Golban qui a travaillé comme tisserande. D'un milieu persan mais arabisé, il passe toute sa vie à Bagdad. Ses contacts avec des mécènes, tels les vizirs barmécides, et son aura scandaleuse lui valent les foudres du calife Haroun ar-Rachid.

Abou Nuwas est encore un jeune garçon quand sa mère le vend à un épicier de Bassorah, Al-Sa'ad Yashira. Abu Nuwas émigre à Bagdad, peut-être en compagnie de Walibah ibn al-Hubab, et devient rapidement célèbre par sa poésie pleine d'esprit et d'humour, qui ne traite pas les thèmes traditionnels du désert, mais parle de la vie urbaine et chante les joies du vin et des boissons (khamriyyat) et l'amour des jeunes garçons (mujuniyyat) avec un humour grivois. Son travail comprend des poèmes sur la chasse, l'amour des femmes, et autres panégyriques de ses patrons. Il se fait connaître pour son goût de la dérision et de la satire, deux de ses thèmes de prédilection étant la passivité sexuelle des hommes et la débauche sexuelle des femmes. S'il se plaît à évoquer la liberté sexuelle des hommes, il n'a en revanche aucune sympathie pour les lesbiennes. Il aime à scandaliser la société en écrivant ouvertement des choses interdites par l'Islam. Il est probablement le premier poète arabe à avoir écrit sur le thème de la masturbation.

Ismail bin Nubakht dit d'Abu Nuwas: "Je n'ai jamais vu un homme d'une connaissance plus large que celle d'Abu Nuwas, ni celui qui, avec une mémoire si richement meublée, possédé des livres si peu nombreux. Après sa mort nous avons fouillé sa maison, et l'on ne trouva qu'un seul livre dans lequel l'on découvrit un cahier de notes, ce cahier contenait un recueil d'expressions rares et d'observations grammaticales."

Ses thèmes privilégiés versent dans une tendance hédoniste aux relents mystiques : amour du vin, des garçons et de la chasse, libertinage mais aussi angoisse de la mort et du vieillissement. Son esprit critique se tourne notamment contre les institutions religieuses.

Considéré en son temps comme le plus grand poète arabe classique, il est aujourd'hui très populaire dans les pays de langue arabe.

Pour avoir écrit un poème faisant élégiaque sur les Barmecides, la puissante famille renversée et massacrée par le calife Haroun ar-Rachid, Abu Nuwas se voit contraint de fuir en Égypte pour un temps. Il rentre à Bagdad en 809 après la mort d'Haroun ar-Rachid. La prise de la khilafa par Muhammad al-Amin, fils de Haroun ar-Rachid, libertin et ancien élève de Abu Nuwas, est un immense soulagement pour le poète. Le poète écrit des poèmes élogieux envers le nouveau khalife et compose une Kasida(poème en arabe, قصيدة ) en son honneur.

Néanmoins, son ivrognerie et ses libertinages finissent par user la patience d'al-Amin et Abu Nuwas est emprisonné. al-Amin sera finalement renversé par son frère puritain, Al-Mamoun, qui n'a aucune indulgence pour Abu Nuwas. Abu Nawas mourra en prison sans jamais en être ressorti. Certains biographes pensent qu'il aurait été empoisonné par un individu du nom de Ismail Abu bin Sehl qui aurait été chargé par le vizir Zonbor.




Mieux que fille vaut garçon


J'ai quitté les filles pour les garçons
et, pour le vin vieux, j'ai laissé l'eau claire.

Loin du droit chemin j'ai pris sans façon
celui du péché, car je préfère.

J'ai coupé les rênes et sans remords.
J'ai enlevé la bride avec les mors

Me voilà tombé amoureux d'un faon
coquet, qui massacre la langue arabe.

Brillant comme clair de lune son front
chasse les ténèbres de la nuit noire.

Il n'aime porter chemise en coton
ni manteau en de poil du nomade arabe.

Il s'habille court sur ses fines hanches
mais ses vêtements ont de langues manches.

Ses pieds sont chaussés et sous son manteau,
le riche brocart offre sa devine.

Il part en compagne et monte à l'assaut
décoche ses flèches et ses javelines

Il cache l'ardeur de la guerre et son
attitude au feu n'est que magnanime

Je suis ignorant en comparaison
d'un jeune garçon ou d'une gamine

Pourtant comment confondre une chienne qui eut
ses règles chaque moi et mit bas chaque année,

avec celui que je vois à la dérobée:
Je voudrais tant qu'il vînt me rendre mon salut!

Je lui laisse voir toutes mes pensées,
sans peur du mouzzin et l'imam non plus.

*

Amour Imberbe

Je regarde hamdâne et dis à mon ami
"Cela fait bien longtemps qu'il me l'avait promis

de ne laisser pousser sa barbe
qu'à condition de laisser glabre

son entrecuisse. Souviens-toi de sa splendeur,
du temps heureux de sa jeunesse en fleur.

quand sa beauté lui gagnait tous les cœurs.
Mais après tout, que sais-tu d'avouable


*


L'Amour en fleur

Je meurs d'amour pour lui, en tous points accompli
et qui se perd en attendant de la musique

Mes yeux ne quittent pas son aimable physique
sans que je me merveille à le voir si joli.

Sa taille est un roseau, sa face est une lune
et sa joue en feu ruisselle la beauté

Je meurs d'amours pour toi, mais garde mon secret:
le lien qui nous unit est une corde sûre.

Que de temps il fallut, pour te créer, aux anges!
tant pis pour les envieux: je chante ta louange


*


Me Tuera-t-il?

Ses larmes coulent sur les roses de ses joues
parce que je l'ai embrassé à l'improviste.
Mais quand je lui tendis un verre, déjà ivre,
il défit sa ceinture en faisant un mou.
Malheur à moi, quand il sortira du sommeil
de l'ivresse! Me tuera-t-il à son réveil?
Pour, des yeux, me punir de sa mésaventure?
N'ai-je pas dérangé le nœud de sa ceinture?


*

Amours Sorcières

Je suis un grand buveur de vin
je chevauche les sveltes faons,

et j'aime les hôtes gracieux,
ceux des bois et ailes des cieux.

Frère buveur, lève ton verre
à la santé des beaux garçons

Au ventre plat, la taille fière,
la joue où lint le raisin rond!

Buvons à nos amours sorcières,
à leurs beaux yeux si attirants

et que, dans son éclat brillant
la Beauté coule dans nos verres.

*


M'aime-tu?

Quand j'ai vu ce beau jeune homme
il riait à belles dents

Nous étions tous deux, en somme,
seuls avec Dieu, cependant,

Il mit sa main dans la mienne
et me fit tout un discours.

Puis me dit:" Est-ce que tu m'aimes?"
"Oui, au-delà de l'amour"

"Donc, dit-il , tu me désires?"
"Tout est désirable en toi"

"Crains Dieu alors, oublie-moi!"
"Si mon cœur veut m'obéir."




Juliette - L'ivresse d'Abhu Nawas. tirée de l'album Mutatis mutandis - 2005







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